Voix de retour

Cachez ce square que je ne saurai voir !

3633dc84-90f3-48c5-a97b-e309a00831f3 Ce matin, en traversant le square Pasqualaggi à L’Houmeau, juste en face de l’Alpha, j’ai été frappé par le contraste. À quelques mètres d’un bâtiment moderne, pensé comme un phare culturel, s’étend un petit espace public fatigué et abandonné. Les bancs penchent légèrement, les allées sont dénudées, l’herbe pousse en éclats irréguliers. Les étendues beiges tristes qu'on n'ose plus appeler pelouses sont jonchées de déchets et de déjections canines. C'est comme si le lieu semblait avoir cessé d’attendre qu’on s’occupe de lui.

Ce n’est pas un cas isolé. Il y a quelques jours, un camarade me partageait des images navrantes de Basseau où l'on constatait des jeux pour enfants détruits depuis des mois, et la même absence d'entretien général. Les familles ont déserté l’endroit. Les cris d’enfants ont laissé place au silence des infrastructures oubliées.

Ces lieux, qui ne paient pas de mine dans le grand récit urbain, sont pourtant souvent le dernier espace commun que nous partageons, sans condition de revenu, d’origine ou de statut. L’espace public comme terrain d’égalité.

Quand il se dégrade, c’est un signal faible mais profond : celui d’une ville qui se replie, d’élus qui ne voient plus — ou ne veulent plus voir — ces usages simples mais essentiels. On parle souvent de grands projets, de dynamisme économique, de rayonnement culturel. Mais dans l’ombre de ces ambitions, nos bancs s’usent, nos squares s’éteignent, et avec eux une partie de ce qui nous relie.

Prendre soin de ces lieux, c’est plus qu’un geste d’entretien : c’est une responsabilité politique. C’est préserver ce qui nous reste de commun.