Ce qui s’entend derrière les vitrines closes
Aujourd'hui, j’ai eu l’occasion d’échanger avec une ancienne professionnelle de terrain, qui a œuvré au développement du commerce en centre-ville d’Angoulême. Une rencontre informelle, simple, à l’image de ce que j’essaie de vivre ici depuis mon retour : des temps d’écoute, sans enjeu immédiat, mais avec en toile de fond une vraie envie de comprendre.
Le hasard fait que cette rencontre a eu lieu dans le sillage d’un article de la Charente Libre, paru récemment, sur les difficultés rencontrées par les bars et restaurants du centre-ville. Redressements judiciaires, départs, sentiment d’abandon : les témoignages étaient rudes. Un mot y revenait souvent : la « souffrance ».
Et pourtant, on sent qu’il y aurait des leviers. Des idées circulent, parfois simples, parfois audacieuses : imaginer une politique commerciale volontariste, où la ville pourrait devenir actrice de son centre, en reprenant certains locaux stratégiques pour les réattribuer selon une vision d’ensemble. Redonner une place aux piétons, sans oublier ceux qui ont besoin d’accéder en voiture. Permettre l’installation de commerces utiles, bien pensés, durables.
Mais voilà : entre les bonnes idées et leur mise en œuvre, il y a souvent un fossé. Un sentiment que les choses se perdent dans les rouages. Que les paroles se heurtent aux silences institutionnels. Qu’on manque de cap, de lisibilité, de volonté.
Je ne prétends pas détenir de solution. Mais ce que je ressens, très fort, c’est le besoin de réinvestir le politique — au sens simple, fondamental : celui de penser ensemble la ville. D’écouter. D’oser poser les bonnes questions, même si on n’a pas encore les réponses.
Et de faire, peut-être, un peu plus de place à celles et ceux qui, dans l’ombre des vitrines, continuent d’y croire.