Deux heures suspendues
Ce samedi après-midi, dans l’amphithéâtre du Lycée de L’Oisellerie, j’ai assisté à une conférence publique, organisée par le Grand-Orient de France, autour d’un sujet aussi délicat qu’essentiel : la fin de vie.
Parmi les intervenants, des voix singulières, éclairées et des interventions de la salle, parfois bouleversantes. Alain Claeys, ancien député-maire de Poitiers, Jean-Michel Nivet, délégué départemental de l’ADMD, mais aussi d’autres regards, venus du soin, de la politique, de la philosophie. Tous allaient dans un même sens — celui d’un droit à mourir — mais chacun le faisait avec ses mots, ses doutes, ses nuances. Rien d’asséné. Rien d’évident.
Ce fut un moment rare. Suspendu. Une bulle de pensée exigeante dans un quotidien qui laisse peu de place à ces espaces de lenteur intellectuelle.
J’en suis ressorti songeur. Non par tristesse, mais parce que ce type de débat — éthique, profond, respectueux des divergences — devient trop rare.
Dans une époque saturée d’opinions tranchées, de certitudes jetées à la figure, il est précieux, presque fragile, de pouvoir encore assister à une réflexion partagée, sans surenchère, sans posture.
Cela pose une question plus vaste, presque politique au sens noble du terme : où sont nos lieux de pensée ? Où débattre autrement que dans l’urgence ou le fracas ? Où pouvons-nous, ensemble, penser la vie… et la mort ?
Ce jour-là, dans cette salle, un peu en retrait du monde, j’ai retrouvé quelque chose de cet idéal républicain : celui d’un dialogue éclairé entre citoyens, dans l’écoute et la complexité.
Et je me dis que, pour redonner du souffle à notre démocratie, c’est peut-être par là qu’il faut recommencer. Par des heures suspendues. Par des questions sans réponse facile. Par le droit de douter, ensemble.