Voix de retour

Ici, c’est Chanzy !

image Il y a des lieux qu’on croit connaître. Parce qu’on les a fréquentés enfant, parce qu’ils appartiennent à l’histoire familiale, parce qu’ils font partie de ce décor qui tisse l’identité d’une ville. Le stade Chanzy est de ceux-là.

Hier soir, j’y ai remis les pieds. Le temps d’un match, d’un exploit même, puisque le SA XV s’est offert le scalp du leader Grenoble. Mais ce que je suis venu chercher hier soir n’était pas vraiment ce résultat, ni même la tension d’un match de Pro D2.

C’était ce moment particulier où l’on regarde un lieu familier avec des yeux neufs. Mon père à joué au poste de 3e ligne pour le SCA dans les années 80 et 90. À l’époque, Chanzy avait une toute autre allure, plus modeste, plus rugueuse aussi. Le rugby, c’était une histoire de terrain, mais surtout une histoire de quartier, de camaraderie et de troisième mi-temps. Le stade était un point de ralliement pour une certaine idée d’Angoulême.

Hier soir, j’ai retrouvé ce fil. Mais il était noué autrement.

Le stade a changé, bien sûr. Il s’est modernisé, il accueille d’autres ambitions, d’autres attentes. Mais ce qui m’a frappé, ce n’est pas seulement la nouvelle peau de Chanzy. C’est ce qu’il est devenu : un vrai lieu de rendez-vous, un endroit où les générations se croisent, où les gamins en écharpe pourpre et blanc côtoient des anciens qui ont vu passer les grandes années. C’est cette capacité qu’a le sport, quand il est porté par un club qui réussit, à créer du commun, à rassembler sans effort apparent. On y vient pour le match, mais surtout pour être ensemble, pour partager quelque chose qui dépasse la simple performance sportive.

Dans une ville où chacun cherche parfois où se retrouver, où les espaces de rencontre spontanée se raréfient, Chanzy tient bon. Ce n’est pas seulement un stade, c’est - à mes yeux de revenant - un des rares endroits où la ville entière peut se donner rendez-vous sans invitation formelle, sans appartenance préalable. Juste parce qu’il y a un match, parce que ça compte, et parce qu’on a envie d’en être.

En revenant à Chanzy, c’est un morceau d’Angoulême que j’ai retrouvé. Pas tout à fait comme avant, mais peut-être mieux encore, parce qu’il a grandi en même temps que la ville. Et moi avec.