Ici, on crée des mondes

Ce week-end avait lieu le festival Spawn, consacré au jeu vidéo indépendant. J’y suis allé par curiosité. J’en suis ressorti avec une forme de fierté, et des questions.
Ce qui frappe, ce n’est pas seulement la diversité des univers présentés. C’est l’énergie. La densité. La maturité des propositions. Des gameplays exigeants, des directions artistiques marquées, des mondes vivants, sensibles, intimes parfois, portés par une maîtrise impressionnante des outils contemporains.
Car c’est là l’une des révolutions silencieuses : les technologies inhérentes à la création de tels jeux, longtemps réservée aux gros studios, se sont démocratisées. Et avec elles, la possibilité de créer, y compris ici même, à Angoulême, des œuvres complexes, belles, ambitieuses. Dans les salles du festival, on sentait battre quelque chose d’à la fois fragile et puissant. Une culture en gestation. Une économie peut-être, mais surtout une vitalité créative. Et locale.
Je me suis même inscrit pour participer à de futurs tests de jeux, développés par les étudiants du Cnam-Enjmin. Par curiosité. Par envie de retour aussi. Il y a dans ces moments de contact direct quelque chose de précieux : la parole circule, l’écoute est réelle, et l’on mesure combien le geste de créer s’enracine dans le partage.
Et pourtant, ce n’est pas un miracle isolé. C’est aussi le fruit d’un terreau fertile. Angoulême ne découvre pas l’image, elle l’accompagne, la soutient, l’héberge. De la BD à l’animation, du film au jeu vidéo, les efforts conjoints de structures comme Magelis ont rendu possible l’émergence de cette dynamique. Ici, l’image est prise au sérieux. Mieux : elle est considérée comme un levier de développement à part entière.
Alors peut-être que la vraie question n’est pas : “faut-il en faire plus ?” Mais plutôt : comment continuer à entretenir cette flamme ? Comment faire en sorte que ces jeunes talents aient envie de rester, de grandir ici, d’inscrire leur démarche dans le temps long ? Et comment faire résonner encore davantage cette créativité dans le reste de la ville, au-delà du cercle des initiés ?
Que reste-t-il à inventer pour que ces univers-là irriguent aussi notre vie collective ?