"Il est pas frais, mon poisson ?!"
Un poisson d’avril, une main courante, un "soupçon" de favoritisme, un post Facebook et une vente immobilière jamais conclue : tout ça dans la même histoire, à Angoulême. On dirait un scénario improbable, mais non, c’est le récit d’un micro-événement local bien réel. Ou plutôt d’un emballement symbolique.
Tout commence par une blague publiée par un élu d’opposition. Une satire mordante, visant le maire et un ancien collaborateur. Le ton est moqueur, les accusations déguisées en ironie. Poisson d’avril, donc. Mais la mairie, elle, ne rit pas. Le maire dénonce des propos « odieux », porte atteinte à son honneur et annonce déposer une main courante. L’ancien collaborateur visé, lui aussi, monte au créneau.
Mais la vente évoquée ? Elle n’a jamais eu lieu. Le projet a capoté pour des raisons techniques. Alors, à quoi assiste-t-on ici ? À une comédie municipale ? À une tragédie de la confiance ? Ou simplement au symptôme d’un malaise plus diffus, plus profond, dans la vie politique locale ?
Chacun se renvoie la balle, chacun se drape dans sa dignité. Et pendant ce temps, ce qui aurait pu rester une farce anodine prend une tournure de règlement de comptes public. Sur fond de réseaux sociaux et de micro-célébrité numérique, le débat s’épuise dans les sous-entendus et les invectives.
La vraie question, peut-être, n’est pas de savoir qui a raison ou tort. Mais plutôt : qu’est-ce que cela dit de notre époque ? De notre rapport à la parole politique, à la critique, à la transparence ? Que devient l’humour quand il flirte avec l’accusation ? Et la politique, quand elle devient réactionnelle, émotionnelle, hypersensible ?
Est-ce que ce (petit) monde (politique) est sérieux ? Ou bien faut-il apprendre à distinguer l’indignation sincère de la stratégie de posture ? Le faux poisson du vrai malaise ?