Voix de retour

(re)rentrée au lycée

image Je suis retourné au lycée. Pas pour y suivre des cours, pas pour y déposer mes enfants — ils sont encore un peu jeunes pour ça. Mais pour rejoindre le conseil d'administration de l’amicale des anciens élèves de Guez de Balzac.

On pourrait croire à une démarche nostalgique. Et il y a sans doute, dans le fait de retraverser ces couloirs familier, quelque chose de l’ordre du frisson. Celui d’un souvenir qu’on n’avait pas convoqué mais qui revient, intact, dans l’écho d’une salle de cours ou la lumière d’un escalier.

Mais ce n’est pas pour retrouver le passé que j’ai voulu m’impliquer. C’est pour l’habiter, autrement. Pour relier cette part de moi, de mon histoire, à ce que je suis en train de redevenir ici.

Il y a, dans ces amicales d’anciens élèves, quelque chose de discret mais de tenace. Une fidélité tranquille. On y retrouve souvent les mêmes visages, les mêmes habitudes, les mêmes rituels. C’est précieux, mais c’est fragile. Et je me dis qu’il y a peut-être là un pont à construire entre mémoire et mouvement. Entre transmission et présence.

Ce lycée, je ne l’ai pas seulement aimé. Il m’a structuré. Il a posé des repères, des amitiés fortes, des ambitions, aussi. Y revenir aujourd’hui, non plus comme élève mais comme membre d’une communauté élargie, c’est y déposer autre chose : un regard adulte, une disponibilité, peut-être une responsabilité.

Et puis il y a cette intuition : que le rôle des anciens ne devrait pas se limiter à commémorer. Qu’il pourrait aussi s’agir d’accompagner. De transmettre, autrement. Peut-être, un jour, tendre la main à des élèves d’aujourd’hui, parler de parcours, de doutes, de possibles.

Je ne sais pas ce que cela deviendra. Mais je crois que cette fidélité-là — à un lieu, à un âge de soi, à une communauté qui traverse les années — dit quelque chose de ce que je suis venu chercher ici, en revenant à Angoulême.

Pas seulement des projets, pas seulement des idées. Mais aussi des racines et des passages de relais.