Voix de retour

Soigner la ville

image Samedi, en pleine nuit, une otite. Une situation banale, du moins en théorie. Sauf que trouver un médecin un dimanche à Angoulême relève du parcours du combattant. Il a fallu appeler le 15, pourtant censé être réservé aux urgences, pour finalement être orienté vers une maison médicale à Soyaux. À la fatigue et à l’inquiétude s’ajoute une question simple : pourquoi est-ce aussi compliqué d’obtenir un soin de première nécessité dans une ville de cette taille ?

Quelques jours plus tard, un autre échange vient résonner avec cette expérience. Un élu de l’opposition municipale à la Mairie d'Angoulême me raconte les difficultés rencontrées par la maison de santé des Trois-Fours pour trouver un lieu où s’agrandir. Ce regroupement de généralistes, qui fonctionne bien et répond à une demande forte, peine à obtenir le soutien de la municipalité. Paradoxalement, la ville engage 1,2 million d’euros pour transformer l’ancien bâtiment KPMG en “pôle de santé”, sans que l’on sache exactement qui y sera installé ni quels besoins seront couverts.

Cette dissonance interroge. D’un côté, des professionnels de santé en place, qui ont une patientèle et qui cherchent simplement à mieux exercer leur métier. De l’autre, des investissements municipaux importants, dont l’utilité immédiate semble floue.

Et au-delà, une réalité bien plus large : celle des 42 000 Charentais sans médecin traitant. Dans la Charente Libre ce jour, l'histoire d'une femme atteinte d’un cancer, contrainte d’appeler en urgence tous les cabinets de la région pour trouver un suivi. Des délais qui s’allongent, des soins de proximité qui se raréfient, et une impression que le problème est trop souvent pris à l’envers.

La question n’est pas tant de savoir si des efforts sont faits, mais de s’interroger sur la manière dont ils sont pensés. Où est la prise en compte des besoins réels des habitants ? Pourquoi l’accès aux soins quotidiens semble-t-il aussi aléatoire ? Comment se fait-il qu’il soit parfois plus simple d’obtenir des millions pour un projet incertain que de trouver une solution pour des généralistes qui exercent déjà ?

Peut-être faudrait-il, avant d’injecter des fonds, poser les bonnes questions aux habitants. De quoi manque-t-on ? Où sont les véritables urgences ? Qui a besoin de quoi, et où ?

Une ville, ça se soigne aussi. Mais encore faut-il diagnostiquer les vrais maux.