Sous les Halles
Il y a des matins où tout semble se répondre, où les rencontres s’enchaînent sans avoir été prévues, où les discussions s’ouvrent avec une facilité presque troublante. Ce matin en faisait partie.
Tout a commencé par un verre partagé sous les Halles d’Angoulême. Rien de spectaculaire, juste un moment de parole simple, franc, presque suspendu entre les étals de légumes et les bavardages du marché. On s’était donné rendez-vous là, parce que c’est central, parce que c’est vivant, parce que c’est Angoulême. Et parce que, parfois, c’est dans ces lieux ouverts que la politique se dit le plus sincèrement — pas la politique des stratégies, mais celle des trajectoires, des convictions, des mains tendues.
La discussion a été fluide. On n’était pas du même bord, et c’est peut-être pour ça que c’était intéressant. On a parlé du besoin de faire de la place au débat, au vrai. De l’urgence qu’il y a à sortir des jeux de posture pour revenir à ce qui nous relie. C’était direct, respectueux, sincère. Bref, c’était précieux.
Et puis la matinée s’est poursuivie, comme si la ville elle-même voulait me rappeler que j’y suis désormais installé, que je fais partie du paysage. Une discussion imprévue ici, une silhouette familière là, des fils qui se croisent, des visages, des voix. J’ai eu la sensation étrange — et douce — d’être au bon endroit, au bon moment. Pas dans le centre du tumulte, non. Mais dans cet entrelacs de liens discrets qui forment, en creux, le cœur battant d’une démocratie locale vivante.
Je ne sais pas encore exactement quelle forme tout cela prendra. Mais je sens que quelque chose est en train de se structurer. Et que c’est en circulant, en écoutant, en dialoguant, que l’on prépare les gestes d’après.
Aujourd’hui, je n’ai rien cherché. Je n’ai fait que traverser cette matinée comme on traverse un paysage familier, en laissant venir ce qui devait venir. Les conversations, les regards, les silences aussi, ont dessiné quelque chose. Une impression tranquille, tenace : celle d’être à sa place, au cœur d’une ville qui bruisse, pense, échange — et qui, doucement, m’accueille de nouveau.